Autopsie du stress

L’utilisation du mot stress a d’abord été technique.

Il devait définir les différents changements que subit le corps lorsqu’il se retrouve face à une menace, réelle ou imaginaire. Ces modifications, entraînées par la libération d’émissaires chimiques (que l’on appelle catécholamines), doivent transmettre au cerveau le message d’un danger imminent. Ce à quoi le cerveau répond en activant tous les systèmes d’autodéfense de l’organisme.

Mais le stress peut aussi se convertir en agent de motivation de premier ordre. Il s’agit simplement de bien gérer le stress et surtout d’en prendre conscience, de réaliser dans quelle mesure il peut nuire ou servir selon les différentes circonstances. Identifier le mauvais stress du stress stimulant vous sera nécessaire. Ensuite, le fait de réduire le mauvais stress ou de vous y soustraire le plus possible par différentes méthodes prescrites dans ces pages devrait vous ramener à l’intérieur des frontières d’une réalité plus sereine. Il n’est pas nécessaire de fuir les situations de crises ou les états de pression intenses, il suffit de pouvoir les affronter en contrôlant son degré de stress, en fonction de l’aptitude à trouver des solutions. Le stress est souvent l’impuissance à régler un problème dans un délai immédiat ou à tout le moins rapproché. La façon d’appréhender le monde est  l’une des raisons qui nous pousse à en concevoir des frustrations ou du stress. Une nouvelle approche de la vie est donc essentielle dans le traitement du stress.

Les symptômes du stress sont nombreux et peuvent mener à une forme d’anxiété généralisée. Il convient donc d’intervenir le plus rapidement possible afin d’en réduire les effets. Afin de bien identifier les manifestations les plus courantes du stress, voici quelques exemples pertinents :

– difficulté à se plonger dans un état de relaxation ;

– manifestation permanente de tics ou de manies telles que se ronger les ongles ou grincer des dents ;

– permanence de l’état de tension ;

– permanence de l’état de fatigue, même après une nuit de sommeil ;

– vulnérabilité émotive, impossibilité à demeurer imperméable à la critique ;

– difficulté de concentration, diminution des aptitudes physiques et intellectuelles ;

– difficulté à apprécier la vie et les bons moments qu’elle apporte ;

– signe de paranoïa, méfiance envers les autres ;

– perte d’attrait pour la nourriture, les rapports sexuels et les relations inter sociales ;

– sensation constante de débordement, ne plus pouvoir affronter les petits problèmes de la vie courante ;

– intolérance vis-à-vis des autres.

Si vous éprouvez l’un de ces symptômes, il est temps pour vous d’agir avant que la situation ne devienne grave et que vous ne perdiez le contrôle sur votre vie. Il vous faudra modifier votre rythme et apprendre à lâcher prise sur ce que vous ne pouvez changer dans l’immédiat.

Une autre façon d’identifier votre niveau de stress est l’Échelle Holmes-Rahe du niveau de stress. Thomas H. Holmes et Richard H. Rahe ont mené des études au cours des années 1960, études qui leurs ont permis de dresser une échelle de facteurs de stress en ordre de priorité parmi un échantillonnage représentatif d’individus. Nous savons tous que chaque personne possède son propre seuil de tolérance face aux situations de la vie les plus dramatiques. Ces deux chercheurs de l’école de médecine de l’université de Washington ont donc instigué une méthode de pointage, reliée à certains événements de la vie, afin de pouvoir évaluer le degré de stress auquel un individu est confronté. Voici donc une version simplifiée de ce tableau, constituée de l’événement et du pointage qui y est associé. À partir de ce tableau, vous pourrez calculer le niveau de stress auquel vous avez été confronté dans un passé récent et en mesurer les possibles répercussions sur votre santé mentale et physique.

Cette liste, bien sûr, pourrait être adaptée selon les pays, les réalités sociales ainsi que selon des valeurs plus actuelles. Si des situations de stress vous concernent mais ne figurent pas sur  ce tableau, ajoutez-les simplement et donnez-leur un pointage selon votre jugement. Ensuite, calculez vos points :

– si vous obtenez entre 50 et 100 points, votre niveau de stress est, si l’on peut dire normal, et votre risque de développer des maladies ou des troubles de comportements reste peu élevé.

– si vous obtenez entre 100 et 200 points, votre niveau de stress reste modéré mais il vous faut garder l’œil ouvert et commencer tout de suite à vous créer un refuge afin de libérer les tensions qui vous occupent.

– si vous obtenez entre 200 et 300 points, vos risques de développer des problèmes de santé dans les semaines ou les mois à venir sont considérables. Mettez immédiatement en place un processus de relaxation efficace et changez votre rythme de vie sans attendre.

– si vous obtenez 300 points et davantage, votre niveau de stress dépasse largement le seuil recommandé et vos risques de développer des maladies sont très élevés. Vous ne pouvez plus attendre pour changer votre mode de fonctionnement car votre niveau de stress entraîne déjà des dysfonctions comportementales, lesquelles, à leur tour entraînent des problèmes plus graves qui contribuent, à leur tour, à propulser votre niveau de stress à des sommets impensables. Cette escalade malsaine vous précipitera dans un état d’anxiété généralisée presque irrévocable. Une aide extérieure, un thérapeute par exemple, serait peut-être même recommandable à ce stade.